Quelque chose se joue ici, maintenant, dans la soudaineté et la fugacité de l’instant.
Par le saisissement sensible qui me mobilise toute entière, je sais que ce moment laissera trace en moi, durablement.
Incontrôlable, j’ai pourtant pleinement conscience de cette subtile emprise qui me porte, ce primitif mouvement en moi, loin de toute pensée ou volonté.
Il est tout à la fois porteur et guide pour saisir et retenir ce vif moment présent.
Alors, intuitivement, je me laisse porter par l’instant.
L’instant ne compose pas avec le sensible, mais est le lieu où celui ci s’y exprime sans détour.
En lui se vit la perception, se lovent sensations et émotions, et j’écoute attentivement la part de l’intime qui se manifeste.
C’est ma présence à ce qui est, qui là, dans la spontanéité, s’impose à moi. Le vrai, enfoui au cœur des affects.
L’instant ouvre aussi à la plénitude, invite à s’aventurer, à s’affranchir du connu, distille le goût du nouveau.
Quand les mots ne sont pas encore là, quand le regard est porté par l’étonnement et que le senti se déploie, l’instant semble suspendu.
Dans cette ouverture l’esprit s’invite, forgeant l’audace et la ferveur de l’imaginaire.
Il est une chose avant toute autre chose, une fondamentale perception en soi… le désir de vie. Par lui se goûte ce que la vie porte, en sa profonde humanité, et dont un certain épanouissement en est le fruit … l’étendue de soi.
Ce désir de m’étendre m’invite à cheminer, et l’énergie est la nécessaire impulsion qui me permet d’avancer, de passer à l’acte, à cet acte qui, dans l’expression artistique, pas à pas accompli, donne sens et m’entraine dans mon existence. Elle est à mobiliser, à aller chercher parfois, mais quand elle est au rendez vous, cette énergie est un cadeau.